Cahier n°2 – La colonisation romaine…

La colonisation romaine, avec son administration et ses légions, saura-t-elle protéger ce pays des « temps barbares » ?  Après la « pax romana » , lui succède n’apporte que peu de changement la société franque qui l à la vie rurale de ce petit coin du pays andécave. Le plus grand changement était à venir avec la christianisation de la population …

GÉNÉALOGIE

Vieilles familles Montreuillaises

Famille BEAUPERE

1er Janvier 1660 

François Beaupère est le plus ancien aïeul de nombreuses familles de Montreuil Juigné et des communes environnantes. On ne sait rien de ses parents sauf peut-être que son père se prénommait Pierre et qu’il était métayer à Grez-Neuville. Il naquit en 1628, résista aux épidémies et aux guerres de l’époque, épousa Marie Delahaye et eut … beaucoup d’enfants, de petits enfants et d’arrières petits enfants, etc …

L’un de ceux-ci devint en 1737, métayer de Jacques de Varice à Vauléart. Il fonda la branche qui s’est développée depuis à Juigné-Béné et à Montreuil-Belfroy.

Aujourd’hui, si l’on se nomme Beaupère, Rétif, Rousseau, Lemoine, Nourry, Trottier, Deslandes, Busson, Raimbault, Juin, Berthelot, et autres, il est fort possible que François Beaupère ait apporté, avec sa descendance, sa contribution au développement de l’arbre généalogique familial. 

L’année nouvelle commençait mal à Grez-Neuville, dans la froidure. Il ne faisait bon qu’au coin du feu, dans la métairie des Beaupère comme dans les maisons des deux bourgs, Neuville et Grez, serrées les unes contre les autres, de part et d’autre de la rivière. L’hiver avait été précoce ; il avait surpris tout le monde. A la mi-décembre le sol était déjà gelé et la Maienne prise par les glaces. Personne ne se souvenait d’avoir vu ça, si tôt et si longtemps : trois semaines déjà ! Les maisons étaient glaciales et l’eau gelait dans les seilles, sitôt tirée du puits.

Vieilles familles de Montreuil-Juigné avait d’abord regardé cette arrivée de l’hiver avec sérénité : le bois qu’il avait fait à l’automne avec son commis lui permettait de réchauffer sa maisonnée. Marie, sa jeune épousée, et son premier fils, François comme lui, un gamin de dix-huit mois déjà, qui attendait une petite sœur pour le printemps, ne souffriraient pas trop du froid. François, le père, ne s’était donc pas vraiment inquiété, même si nourrir les bêtes devenait plus difficile par ce temps. Aller au champ chercher des choux gelés était plus pénible ; les doigts de ses mains engourdies gerçaient et lui faisaient mal à chaque feuille arrachée. C’était dur mais il avait l’habitude ; bien couvert et les jambes solides dans ses chausses, ses sabots bien garnis de paille, ça irait quand même. Et avec le foin qu’il avait en réserve pour son bétail, il tiendrait bien quelque temps … Comme le métayer et sa famille, les bêtes ne pâtiraient guère !

Mais les jours froids avaient succédé aux jours froids et la rivière restait de glace. La grande roue du moulin s’était immobilisée, enveloppée d’une couche épaisse d’eau gelée, transparente. Trois semaines déjà ! Les bateliers n’étaient plus passés depuis longtemps, abandonnant la rivière à son silence. François Beaupère avait regardé la nature se figer, la vie s’arrêter presque, juste marquée par quelques filets de fumée s’échappant des cheminées des maisons du bourg et des métairies.

Les fêtes de Noël et la messe de minuit avaient un peu réchauffé les cœurs, pour un moment. Et puis l’inquiétude était venue, au fil des jours et des nuits toujours plus froides, sournoisement, en questions répétées : combien de temps encore ? En finirait-on bientôt ?

Ce premier jour de l’année nouvelle, François Beaupère l’avait vécu dans la tristesse, l’angoisse … Si le froid durait encore … Dans sa tête et dans son corps d’homme de trente ans, solide comme ses anciens qui avaient surmonté toutes les épreuves, le doute s’installait, tous les jours un peu plus.

François n’avait pas eu une jeunesse facile. Sa vie avait été faite de labeur. Mais c’était là le lot de tous les paysans de cette vallée de Maienne. Il ne s’en plaignait pas et savait profiter des bons moments qui se présentaient. Il n’était ni plus ni moins malheureux que beaucoup. Peut-être même la métairie familiale lui assurait-elle un peu plus de sécurité qu’à quelques autres malgré les lourdes charges qu’il avait à supporter.

Et à écouter, à la veillée, les vieux raconter leur jeunesse, il goûtait un certain bonheur.

Le passé, pas si lointain, était fait de douleurs subies dans la résignation et le fatalisme, bien plus que de joies trop courtes et passagères. Les anciens n’en parlaient pas trop pour ne pas réveiller les blessures qui les avaient meurtris mais, à conter leurs plaisirs d’autrefois, ils ne pouvaient en cacher les désillusions, les peines, les malheurs qu’ils avaient connus. Ils passaient vite sur ces choses là qui n’étaient que la volonté de Dieu, disait Monsieur le Curé, pour ne retenir que les bons moments gravés dans leur mémoire. A les écouter, François mesurait mieux sa chance d’être jeune, vigoureux, de fonder une famille. Avec Marie, ils avaient surmonté la perte, l’an dernier, de leur première fille qu’ils avait prénommée Marie, comme sa mère. Il était heureux  de pouvoir travailler la terre de son pays, de ne plus connaître désormais les angoisses qui avaient jalonné l’existence de ses parents. Mais se savoir moins malheureux qu’eux ne suffisait pas tout à fait à le rendre confiant dans son avenir, même si le présent lui paraissait moins rude.

Le pays angevin était maintenant devenu plus calme après les troubles qui l’avaient secoué pendant des années ; on disait que le nouveau jeune roi Louis XIV serait décidé à remettre de l’ordre quand il recevrait le pouvoir, bientôt. François n’avait guère idée de ce qui agitait les maîtres du pays, nobles ou bourgeois. Il ne pouvait, comme ses parents et grand-parents, qu’en constater les conséquences, désastreuses pour les gens et les récoltes quand leurs querelles s’envenimaient.

A Grez-Neuville, on était assez loin d’Angers pour ne ressentir qu’atténuées les secousses qui s’y produisaient. Pourtant François gardait le souvenir d’évènements cruels qui l’avaient marqué. Ce n’était pas si loin, quelques années seulement. En 1652 il avait fallu fuir dans les bois pour échapper aux soldats que l’on craignait de voir arriver. C’était la Fronde qui en était cause, avait-on dit, une lutte d’influence pour le pouvoir entre des partis dont François ignorait tout, ou presque …

LIRE LA SUITE

 

A propos AMRH

Association Montreuillaise de Recherches Historiques

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>